Le mois d’avril vient fraîchement de succéder à l’emblématique mois de Mars, lequel est universellement célébré à l’honneur de la cause de la gente féminine.Or,
quand on parle de la femme, on voit l’enfant car, c’est cette dernière qui donne la Vie.
Comme par ironie du sort, dans la contrée de Kisantu, une maman gardera du mois de Mars un souvenir amer et incandescent par suite de la mort tragique de son fils, un adolescent de 15 ans que jamais plus personne ne reverra encore sous le soleil.
Une province réputée vertueuse à l’exemple du Kongo-central, aura du mal à se pardonner d’avoir manqué à l’appel de son instinct traditionnel de solidarité hérité des » Bankulu », lequel ne devait jamais demeurer sourd devant la détresse criante d’une pauvre famille ravagée de chagrin et de désespoir.
On a, par ailleurs, déploré le peu d’engouement que le drame de Kisantu a suscité comparé à celui dont a été victime l’agent de roulage Fiston qui s’était vu molesté à mort par les agents de la Garde républicaine commis à la protection de la locataire de la Primature.
Il va sans dire que le deuxième exploit d’homicide perpétré sur la personne du jeune policier de roulage, quoique survenu dans des circonstances tragiques mais différentes du premier, vu son caractère singulièrement volontaire et crapuleux, se rejoignent pourtant en étant tous les deux les résultats des exploits macabres d’un seul et même protagoniste, en l’occurrence, le cortège de madame la première ministre Judith Tuluka Suminwa.
QUE S’ETAIT-IL RÉELLEMENT PASSÉ À KISANTU ?
En effet, ce fut le jeudi 6 mars dernier que le cortège accompagnant Madame Suminwa regagnait à vive allure la métropole congolaise au terme d’une visite officielle effectuée dans le Kongo-central. Comme on le constate si souvent,les cortèges officiels, beaucoup plus, ceux des personnalités de haut-rang, sécurité ou prestige oblige, se déplacent en roulant comme s’ils avaient le diable aux trousses, pour ne pas dire à tombeau ouvert. Et, c’est dans un tombeau où gît depuis près d’un mois le corps frêle d’un jeune adolescent prématurément arraché à l’affection des siens après avoir été violemment percuté par l’une des carrosses du cortège de madame Suminwa.
Le drame, disions-nous, a eu lieu le 6 Mars à Kisantu sur RN1, au niveau de l’entrée qui conduit droit vers le célèbre site bien nommé » Mbuela lodge ». Ce jeudi noir, à Kisantu, l’émoi et la colère étaient à son comble. Témoins et passants, tous paraissaient comme étranglés d’émotions, impuissants devant le fait accompli.Curieusement, les autorités de la place par qui le gouverneur est localement représenté, ne se sont guère manifestés.
Pas plus que l’autorité Provinciale qui, par le passé, dans des circonstances analogues, se serait empressé d’apporter soutien et réconfort à la famille éplorée, comme le faisait jadis le gouverneur Fuka Unzola d’heureuse mémoire. Face à la détresse d’une pauvre famille, sans aucune assistance ni morale , ni pécuniaire, les élus de Madimba et les responsables locaux ont raté l’occasion de se montrer dignes de l’humanisme qu’ils sont censés être porteurs. Ma foi, on aurait pu leur trouver des circonstances atténuantes si l’écho de ce drame spectaculaire était ténu hors de leur portée.Bien au contraire !
Visiblement frustrée et résignée, la famille, lassée d’attendre l’arrivée d’un bon samaritain, s’est vue contrainte d’ensevelir leur fils sans, ni linceul, ni cerceuil, tel le dernier des parias.
RIEN DE NOUVEAU SOUS LE SOLEIL
L’incident tragique du 6 Mars n’est évidemment, ni le premier, ni le dernier sous le soleil.On en verra sans doute tant d’autres avec ces coureurs de rallye reconvertis chauffeurs de limousines présidentielles et ministérielles.
Que de vies perdues ou brisées par suite de cette espèce de clause dérogatoire reconnue aux véhicules officielles et aux ambulances!
Pouvons-nous donc en déduire que la préciosité du temps de mobilité d’un cortège officiel exonére celui-ci de toute responsabilité pénale pendant que l’état ne fournit aucun effort pour financer la construction des routes secondaires, des routes répondant aux standards de notre siècle?
D’ailleurs, la RN 1 n’a de national que le fait de relier la capitale vers certaines destinations provinciales.Une route nationale avec une largeur si chétive mérite t’elle réellement cette épithète ? Qui d’autre viendra nous apprendre à bien faire les choses si ce n’est nous mêmes ?
En définitive, ce que tout le monde attend voir s’accomplir s’agissant du sort post-mortem du cas malheureux du jeune adolescent de Kisantu, est que justice soit faite, et que réparations s’ensuivent.
Damas Baderha Bishikuabo
